Il était une fois Wendkouni

En 2013, Wendkouni fête ses 20 ans.

Il était une fois, dans un petit village d’Alsace, au milieu du siècle dernier, un petit garçon prénommé Rémy. Ce Rémy-là n’était pas sans famille comme le héros d’Hector Malot, non, il avait même une grande famille. Et au sein de sa famille, Rémy était un petit garçon  comme tous les petits garçons. Enfin… presque. A l’heure où ses petits copains s’identifiaient volontiers à Tintin ou Spirou, notre petit ami, était fasciné par un autre personnage, un VRAI !

C’était un adulte. Les parents de cet adulte étaient des amis de ses parents et quand ils leur rendaient visite, c’était pour ce petit gars, comme s’ils allaient au spectacle. Cet adulte racontait comme personne sa vie de missionnaire en Afrique. Sa vie de père blanc. L’enfant découvrait un autre monde, un monde fantastique bien plus captivant que les aventures de Tintin au Congo ou de Spirou et son Marsupilami ! Le père François incarnait les personnages de ses histoires. Il imitait gentiment leurs mimiques, leurs tournures de phrase et leur accent, mais il le faisait sans excès, en respectant avec tendresse leurs expressions et leur naïveté. Il était aussi vrai que les personnages qu’il croquait et la réalité de ce monde étrange et inconnu forçait l’imagination de l’enfant et faisait naître chez lui des rêves profonds et inoubliables.

Le père François avait autre chose que l’enfant admirait… Il avait une 2cv ! Vous savez, cette voiture si bien suspendue qu’elle peut transporter des œufs dans un panier sans les casser. C’était bien mieux que les miniatures Dinky toys ou Joustra qui faisaient la joie des  enfants de son âge.

L’Afrique et la 2 cv, ça suffit amplement pour susciter une vocation et amener notre petit ami à l’école des missions mais ça n’a duré qu’un an… La rigueur religieuse et la solitude du missionnaire, oh la la ! ça l’effrayait plus que ça ne l’attirait et puis dans cette l’école… y avait pas de 2cv pour le consoler et bercer son rêve ! Alors sa vocation et son rêve se sont mis en sommeil.

Il est devenu infirmier. C’est déjà une bonne manière d’aider son prochain. Puis il a rencontré… une infirmière ! Tiens, tiens….  Il l’a épousée et ils ont eu trois filles. Heur- reux ! Ils étaient heureux. Ils étaient heureux et ils savaient que  le bonheur, ce n’est pas comme un gâteau. Je vous explique. Quand on a un gâteau à partager, plus on est nombreux, plus la part de chacun est petite. Mais le bonheur, lui, plus on le partage, plus il se propage. Plus il devient grand. Alors pour fêter dignement leurs noces de cristal, et partager leur bonheur, ils décidèrent de s’offrir la joie d’offrir un mois de leur temps pour venir en aide aux Africains. Manière idéale de satisfaire les rêves d’Afrique de l’un ;  les envies de voyage, de découverte et d’aventure de l’autre. Le goût du partage des deux. Un mois, ce n’était pas suffisant pour les ONG auxquelles ils s’adressèrent. Elles exigeaient au moins six mois. Six mois, c’est long, surtout avec les filles à élever et la maison à payer… Et puis un jour, une élève qui accompagnait Rémy dans ses tournées lui apprit que la grand-mère d’une de ses amies travaillait dans une pouponnière au Burkina Faso ; elle leur procura son adresse. Ils lui écrivent, elle  répondit :  pas de problème, je peux vous accueillir pour un mois  mais…  ne venez pas sans vos enfants ! Et venez en décembre  c’est le meilleur moment !

La petite graine plantée par le père blanc en Alsace était en train de germer au Burkina-Faso.

Pendant leur séjour, comme tombée du ciel sur un marché de Kaya, une petite fille a été trouvée, abandonnée dans un panier. Tombée du ciel un vendredi, elle fut baptisée Wendkouni par le pasteur de l’Oasis des enfants.

Wendkouni ! Un mot tombé du ciel. Un symbole. Un sésame ! Oui, c’est ça, un sésame qui s’est mis à ouvrir toutes les portes auxquelles frappait Rémy pour construire une chaîne de solidarité avec l’Oasis de Kaya. Toutes les portes et tous les cœurs aussi ! Wendkouni, c’est plus efficace que la baguette d’Harry Potter !

Wendkouniiiii ! Et le garage se remplit de médicaments de matériel médical récoltés au cours des tournées infirmières, mais aussi d’une foule d’objets devenus superflus ici mais indispensables là-bas.

Wendkouniiiii ! Et les voisins et amis enrôlés pour préparer les expéditions se laissent adouber pour s’occuper du courrier et de la trésorerie de la nouvelle association.

Wendkouniiiii !

De retour en Alsace, le garage du couple s’est peu à peu transformé en salle d’expédition. Bouleversée par le dénuement de ses nouveaux amis, l’épouse voulait vendre tout ce qui ne leur était pas de première utilité, pour leur venir en aide. Lui, il récoltait médicaments et matériel médical au cours des tournées. Mais ces 4 bras tendus vers l’Oasis des enfants, c’était trop peu. C’est alors que notre ancien de l’école des missions a enrôlé ses voisins pour faire les paquets et la comptabilité, un autre couple pour faire les paquets et le secrétariat, un troisième encore pour aider tous les autres.

Et c’est comme ça qu’est née l’association Wendkouni.

Petit à petit les amis, les amis des amis, les voisins des voisins, les voisins des amis, les amis des voisins, tout le monde y a mis du sien.

Vingt ans après, on ne compte plus le nombre de colis qui ont dit « au-revoir la France » ainsi que les containers partis pour Kaya, chargés de mobilier, de matériel médical ou de bureau,  de produits pharmaceutiques, d’outils pour le bâtiment la couture ou le bricolage, de matériel scolaire, de vêtements, layette ou autres.

En France, les dons, repas couscous et marchés de Noël se sont succédé pour alimenter la caisse. Avant chaque marché de Noël, les doigts agiles confectionnent, couronnes de l’avent, décors de table, tricots, patchworks

Là-bas, le sol de l’orphelinat n’est plus en terre battue,  mais en carrelage. Les murs sont gais. Les lits sont peints. Une biberonnerie s’est installée. Les nounous ont été formées. Des enfants sont parrainés. Le dispensaire a été construit ainsi que la pharmacie sociale qui profite à tous les habitants. La maison Wendkouni apporte des ressources à l’Oasis des enfants en accueillant jusqu’à douze touristes.

Des étudiants infirmiers de l’IFSI s’y rendent volontiers. Des tournées sanitaires se font régulièrement dans la brousse ; on y construit des latrines. Et vingt ans après, une maternité s’est dressée.

Et puis, et puis… Quoi encore ? Les projets ne manquent pas et sont toujours réalisés consciencieusement par les autochtones eux-mêmes, soucieux du moindre sou dépensé.

C’est une histoire, belle comme un conte. Une histoire dont vous êtes tous les personnages. Une histoire qui n’existerait pas sans votre attention et votre générosité.

Il était une fois, un p’tit gars qui voulait que ses rêves sans frontières deviennent réalité.

Merci à tous !

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