Pascal Coquis a consacré au Burkina Faso, dans les DNA du 1er décembre 2014, un édito qui mérite d’être lu par tous, lecteurs ou non de ce quotidien.
BURKINA FASO Espoir à Ouaga
Loin des projecteurs aimantés par le bruit des bombes, le Burkina Faso poursuit son chemin vers une transition démocratique qui n’allait pas forcément de soi il y a un mois encore. Le fait même que ce petit Etat, pauvre parmi les plus pauvres, ait disparu de l’actualité depuis la chute de Blaise Camparoé est donc paradoxalement signe de bonne santé.
Ce qui se passe actuellement au « Pays des hommes intègres » mériterait pourtant que l’on s’y attarde un peu plus. Les bonnes nouvelles ne sont pas si nombreuses dans cette partie du globe pour que l’on puisse se permettre de les ignorer. Et puis c’est peut-être, l’air de rien, un nouveau modèle de gouvernance qui est en teain de se dessiner, un quart de siècle après le discours de La Baule. Même si les obstacles sont encore nombreux. Même si l’armée, qui a pris une place prépondérante dans le gouvernement de transition, va devoir résister à la tentation toujours présente de confisquer cette spectaculaire révolution populaire.
Reste que le lieutenant-colonel Zida, éphémère chef de l’Etat et actuel Premier ministre, a pour l’instant respecté ses engagements et c’est déjà un signe fort. Si, comme il est prévu, des élections libres se tiennent dans un an, alors on saura que le pari a été gagné.
Mais au-delà de ce volet institutionnel, ce qui est remarquable dans le cas du Burkina, c’est que la fièvre révolutionnaire, brutale, violente s’est immédiatement transformée en énergie positive. La colère a fait place à l’espoir et à la volonté d’inventer une nouvelle société après avoir déraciné l’ancienne.
Encore une fois, rien n’est définitif et il ne faut pas faire preuve de naîveté, l’on sait que les évènements peuvent toujours basculer en quelques heures. Mais le pays semble avoir compris qu’une page décisive de son histoire pouvait durablement se tourner si chacun travaillait dans le même sens. Avec l’idée, désormais ancrée, que les dirigeants auront à partit de maintenant Des comptes à rendre aux citoyens. Ce qui est un concept relativement nouveau. Et révolutionnaire.
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